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AFP 2006

 Montargis et les touristes chinois
le 2/10/2006 à 14h44 par AFP

Plus connue pour ses amandes caramélisées que pour le rôle longtemps oublié qu'elle joua dans la formation du parti communiste chinois, Montargis est pourtant devenue la destination privilégiée d'un flot de touristes venus de Chine.

A une centaine de km au sud de Paris, la sous-préfecture du Loiret misait jusqu'à présent sur sa réputation de berceau des pralines pour faire sa promotion, mais l'explosion récente du tourisme chinois en Europe a changé la donne.

C'est là, dans ce mélange improbable de rues médiévales, de jardins et de canaux, que nombre d'intellectuels chinois expatriés s'établirent à la fin des années 1910 et pendant les années 1920, constituant le terreau fertile qui devait déboucher sur la victoire communiste de 1949 en Chine. "Cela peut paraître bizarre, mais Montargis figure dans tous les livres d'histoire" chinois, assure Wang Peiwen, médecin et directeur d'Amitié Chine-Montargis. "Cet endroit a joué un rôle crucial dans le développement de la Chine nouvelle".

Longtemps méconnue, l'histoire démarre en 1902, quand Li Shizeng, fils d'un dignitaire impérial à Pékin, vient en France parfaire son éducation, choisissant un institut d'enseignement de l'agriculture situé à Montargis. Un réseau se crée dans la communauté locale. Puis vient l'époque où la Chine, lancée dans le projet éducatif des "étudiants-ouvriers", envoie jeunes gens et jeunes filles en Europe étudier la pensée moderne et les techniques scientifiques. Li Shizeng en parraine environ 300 à Montargis, la plupart engagés dans une usine de caoutchouc.

Parmi les premiers à arriver en 1919 figurent des étudiants de la province du Hunan, amis du jeune Mao Zedong et déjà acquis comme lui au communisme. La plupart d'entre eux sont ensuite entrés au Panthéon du PC chinois : Cai Hesen, Xiang Jinyu, Li Fuchun, Chen Yi ... A Montargis, ils se réunissaient dans un jardin public et y plaquaient des affiches de propagande. C'est de là, en juillet 1920, que le théoricien Cai Hesen expédia par courrier à Mao un programme de "sauvetage de la Chine". "C'est la lettre du 13 août, qui proposait la création d'un parti communiste chinois. Mao a donné son accord et le mois suivant, le parti était créé", raconte Wang.

Si Cai Hesen et sa femme Xiang Jinyu ont péri entre les mains des nationalistes chinois du Kouomintang, Chen Yi est devenu ministre des Affaires étrangères, Li Fuchun, théoricien économique du parti, tandis que Li Weihan prit part à la Longue marche avant de devenir vice-président du Sénat. Zhou Enlai, Premier ministre de 1949 à sa mort et deuxième personnage du régime chinois après Mao, est venu plusieurs fois à Montargis. Deng Xiaoping, successeur de Mao, s'y rendit lui aussi, en 1922.

Aujourd'hui, peu de traces subsistent du passé chinois de Montargis, mais les autorités ont fait de leur mieux pour les réunir dans un guide, intitulé "Circuit chinois". Y sont évoqués les dortoirs des étudiants d'Asie, les bains publics où ils se lavaient et autres jardins où ils conversaient. On y trouve aussi une photo d'époque montrant une vingtaine de jeunes Chinois aux visages graves et en beaux habits.

Aujourd'hui, des groupes de touristes chinois sillonnent les rues étroites de Montargis. Il s'agit souvent de délégations semi-officielles, mais la petite ville espère capter bientôt davantage de touristes, 50.000 Chinois débarquant chaque mois à Paris. "Le potentiel est énorme", assure Wang Peiwen. "En venant ici, les Chinois ne découvrent pas seulement un bout de culture française, ils apprennent sur leur propre histoire".

 

Amitié Chine Montargis